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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

ville de Tyr. L’Égypte, siège primitif des arts et des sciences, est tombée dans la plus abjecte dégradation ; et si vous voulez bien lire les passages que j’ai marqués pour vous dans les Voyages de Volney, vous y trouverez la vérité de cette observation attestée d’une manière frappante.

CAROLINE lit.

« Lorsque la tyrannie du gouvernement pousse à bout les habitants d’un village, les paysans désertent leurs maisons, se retirent avec leurs familles dans les montagnes, ou errent dans les plaines, avec l’attention de changer souvent de domicile pour n’être pas surpris. Souvent même il arrive que des individus, devenus voleurs, pour se soustraire aux lois ou à la tyrannie, se réunissent et forment de petits camps, qui se maintiennent à main armée, et deviennent, en se multipliant, de nouvelles hordes et de nouvelles tribus. On peut donc dire que, dans les terrains cultivables, la vie errante n’a pour cause que la dépravation du gouvernement. »

MADAME B.

Vous voyez que cela s’applique fort bien à l’objet que nous avons en vue ; mais voici un autre passage qui n’est pas moins applicable.

CAROLINE lit.

« Le commerce de Tripoli consiste presque tout en soies assez rudes, dont on se sert pour les galons. On observe que de jour en jour elles perdent de leur qualité. La raison qu’en donnent des personnes sensées est que les mûriers sont dépéris au point qu’il n’y a plus que des souches creuses. Un étranger réplique y sur le champ : Que n’en plante-t-on de nouveaux ? Mais on lui répond : C’est là un propos d’Europe. Ici l’on ne plante jamais, parce que si quelqu’un bâtit ou plante, le Pacha dit : Cet homme a de l’argent. Il le fait venir ; il lui en demande : s’il nie, il a la bastonnade ; et s’il accorde, on la lui donne encore pour en obtenir davantage. »

En outre, là où il y a si peu de sécurité au moment actuel, quel fonds peut-on faire sur l’avenir ? Quelle raison pourraient avoir les propriétaires d’espérer que les mûriers leur rendraient jamais le