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CONTES POPULAIRES

— Avec votre permission, dit le marchand, je vous ferai observer que vous êtes dans l’erreur. Ces pommes-de-terre bouillies ne seraient pas si bonnes sans le secours de la vapeur, et sans l’existence d’une machine à vapeur, vous n’auriez pas une si excellente marmite de fer.

— Ce jeune géant est votre favori, reprit Hopkins.

— Non pas quand il est fainéant et vagabond, mais oui bien lorsqu’il se met à travailler ; c’est le plus puissant des trois.

— Et je vous prie, maman, demanda l’un des enfants, qui donc a moulu le blé qui a servi à faire ce pain ?

— Je crois aussi, ajouta Hopkins, que si nous avons de bon sucre qui vient de fort loin, Ventosus y est pour quelque chose.

— C’est bon, venez souper, » s’écria la bonne femme, un peu humiliée de n’avoir pas compris cette histoire, qui paraissait avoir si fort intéressé sa petite famille.

Ils s’assirent gaîment autour de la table, et malgré tout ce que put dire madame Hopkins, ils lui prouvèrent qu’elle n’aurait pu, sans le secours des trois géants, leur préparer un aussi bon souper.



LA POPULATION,
OU
L’ANCIEN MONDE.


« Mon père, dit Tom le jour suivant, je ne comprends pas pourquoi nous sommes si pauvres en Angleterre, où les géants travaillent beaucoup plus pour nous qu’ils ne le faisaient pour les habitants de l’île déserte. Qu’est-ce qu’un seul moulin à vent, un seul moulin à eau et une pauvre petite fabrique, tels que ceux qu’ils avaient établis, en comparaison de toutes les machines que nous avons ici ? Cependant dans cette île les hommes vivaient dans l’abondance, tandis que nous sommes souvent affamés.

— Leur île n’était qu’une coquille de noix comparée à ce pays-ci,