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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

avant la dépréciation ne vaille plus réellement que 75 liv. st., en conservant toutefois sa valeur nominale de 100 liv. st. Une lettre de change anglaise, qui représente une certaine quantité de monnaie courante, participera à cette dépréciation, et ne sera plus égale en valeur à une lettre de change étrangère de la même somme. Il faudrait une lettre de change anglaise de 133 livres sterling pour obtenir une lettre étrangère de 100 liv. st. Si donc, avant la dépréciation, le change était au pair, cette circonstance le ferait baisser immédiatement de 25 pour cent.

CAROLINE.

Ne remédierait-on pas à ce mal en augmentant les exportations et diminuant les importations, comme lorsque le change défavorable provient d’une balance de commerce inégale ?

MADAME B.

Nullement ; car, bien que, dans les deux cas, le marchand exportateur puisse vendre ses lettres de change avec une prime ; cette prime, lorsqu’elle provient d’une dépréciation de la monnaie, n’est pas un gain pour le marchand, parce qu’elle est exactement balancée par le haut prix des marchandises, qui a, pour lui, tout l’effet d’une perte.

CAROLINE.

Il me semble que j’entends cela. La dépréciation de la monnaie, qui produit une prime sur la lettre de change, produit aussi une hausse dans le prix de la marchandise ; et ces deux effets, provenant de la même cause, doivent se correspondre et se faire toujours sentir dans la même proportion. Si un marchand exporte à Hambourg du drap, qui lui coûte 200 liv. st., quel que soit le profit sur lequel il compte dans l’état ordinaire de la monnaie, ce profit sera diminué de 25 pour cent, parce qu’il devra payer 67 liv. st. de plus pour son drap qu’il n’aurait fait avant la dépréciation. Mais comme il vendra la lettre qu’il tire sur Hambourg en paiement avec une prime de 67 liv. st., ses profits resteront précisément les mêmes en dernier résultat que si les choses avaient suivi leur marche régulière et accoutumée.

MADAME B.

C’est bien cela. Souvenez-vous donc, que quand le change est