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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Vous vous seriez aperçue qu’il est difficile de remplir ce double but à la fois ; car pour encourager notre industrie, il faut faciliter la vente des produits de nos manufactures et en étendre le marché autant qu’il est possible ; et d’un autre côté, si nous prohibons l’exportation, nous bornons la production de nos manufactures à la quantité qui peut être consommée dans l’intérieur. Ainsi on ne peut dire d’aucune mesure tendant à décourager le commerce extérieur, qu’elle favorise l’industrie du pays.

CAROLINE.

Mais le commerce extérieur ne peut pas être à la fois avantageux et désavantageux au même pays ?

MADAME B.

Il n’est jamais désavantageux, il est seulement moins avantageux que l’intérieur. Ce n’est qu’après que la demande pour l’intérieur est satisfaite, que le surplus du produit est envoyé dans les marchés étrangers. Quand nous avons à notre disposition plus de capital qu’il n’en faut pour le commerce intérieur, au lieu de le laisser sans emploi et de priver de travail les ouvriers qu’il pourrait occuper, nous nous en servons pour faire des ouvrages destinés aux marchés étrangers. Si, par exemple, les fabricants de Leeds, après avoir satisfait à toute la demande de draps que peut faire l’Angleterre, se trouvent avoir un capital libre, ils l’emploieront à faire quelque étoffe de laine pour l’exportation.

CAROLINE.

Pourquoi pas plutôt à faire quelque autre marchandise, propre à la consommation du pays ?

MADAME B.

Si, dans le pays, quelque autre branche d’industrie manquait de capital, celui qui surabonde en celle-ci s’y jetterait ; mais quand tout le commerce intérieur est satisfait ; quand tous les échanges, qui peuvent être faits dans le pays, ont eu lieu ; on envoie à l’étranger le surplus des marchandises qui s’y trouvent.