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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

culture et des manufactures, ils se verraient forcés d’ajouter celle du commerce, complication également nuisible à chacune de ces entreprises. Le commerce est une des divisions économiques du travail ; s’il emploie un certain nombre d’hommes à faire circuler et à distribuer les produits de la terre, c’est afin que ceux qui sont occupés à obtenir ces produits et à les fabriquer, puissent employer tout leur capital, tout leur temps, tous leurs talents, à leurs occupations respectives. Il faut remarquer aussi qu’aucune de ces divisions n’est prescrite par la loi ; qu’elles n’existent que par le libre choix des parties intéressées, et qu’elles n’ont été adaptées qu’en vue de leur intérêt mutuel.

Mais s’il est avantageux de séparer le commerce des autres branches d’industrie, il est à désirer d’autre part que ses opérations soient facilitées autant qu’elles peuvent l’être, afin que l’agriculture et les manufactures ne soient pas privées d’un trop grand nombre d’ouvriers, et afin que les marchandises soient portées au marché, avec la moindre dépense possible. Des routes bonnes et nombreuses et des canaux navigables répondent fort bien à ce but, parce qu’à l’aide de ces ouvrages, les productions du pays sont portées dans les divers marchés avec facilité et promptitude ; la facilité et la promptitude économisent le temps et le travail ; et l’économie du temps et du travail produit la baisse des prix.

CAROLINE.

S’il n’y avait point de routes, le fermier n’ayant aucun moyen d’envoyer ses récoltes au marché, ne produirait que ce qui pourrait être consommé dans sa famille, et peut-être par un petit nombre de voisins ; il faudrait qu’il se contentât pour se vêtir des toisons de ses moutons et des peaux de ses bestiaux ; car il ne pourrait pas se procurer d’ouvrages fabriqués. Le sort du manufacturier ne serait pas meilleur ; le marché pour la vente de ses marchandises ne serait pas moins limité.

MADAME B.

Dans cet état de choses, il n’y aurait eu ni villes ni manufactures, parce qu’elles n’auraient pu être pourvues des produits de la campagne, qui sont encore plus nécessaires à leur existence, que les ouvrages fabriqués dans les villes ne le sont aux fermiers. C’est le