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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

moins tout ce que j’ai pu découvrir, c’est qu’il règne dans mon esprit une grande confusion d’idées. Cette science semble comprendre tout dans son enceinte, et toutefois j’avoue que je n’entends pas de quoi elle traite. Ne pourriez-vous pas me donner à ce sujet une courte explication, afin qu’en commençant à l’étudier, j’aie une idée nette de sa nature ?

MADAME B.

J’entendais un jour une femme demander à un philosophe de lui dire en peu de mots ce que l’on entend par économie politique. Madame, répliqua-t-il, vous entendez très-bien ce que c’est que l’économie domestique ; vous n’avez qu’à étendre l’idée que vous vous en faites, d’une famille à tout un peuple, à une nation entière, et vous aurez quelque idée de la nature de l’économie politique.

CAROLINE.

Pour répondre en peu de mots, c’était apparemment fort bien ; mais comme j’ai un peu plus de patience que la personne à qui il s’adressait, j’espère que vous voudrez bien m’expliquer d’une manière plus détaillée l’objet de cette science universelle.

MADAME B.

Je la définirais la science qui nous apprend à rechercher les causes de la richesse et de la prospérité des nations.

Dans un pays habité par des sauvages, on trouve un petit nombre d’hommes répandus sur une vaste étendue de terre. Comme ils n’ont que des moyens de subsistance précaires, que leur fournissent la pêche et la chasse, ils sont fréquemment exposés à la disette et à la famine, qui les font périr en grand nombre : ils élèvent peu d’enfants, parce que le manque de nourriture et les besoins de tout genre les enlèvent dans les premières années de la vie. Les vieillards et les infirmes sont souvent mis à mort par un sentiment d’humanité bien plus que par cruauté ; car comme la vie du chasseur requiert une grande étendue de terres, de longues et périlleuses expéditions pour pourvoir à sa subsistance, les infirmes et les vieillards, ne pouvant suivre les forts et les jeunes, seraient réduits à mourir de faim, on deviendraient la proie des bêtes féroces.

Dès que les sauvages commencent à se livrer à l’éducation des