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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

leurs affaires. Ne devrait-on pas considérer une partie de leurs gains comme étant le prix de leur travail personnel, prix qui doit se proportionner à l’étendue et à l’importance de leurs affaires ?

MADAME B.

Sans contredit ; mais le rapport de ce prix aux profits de leur commerce est très-petit, en comparaison du rapport du salaire aux profits, dans le petit trafic d’un simple ouvrier, tel que notre vendeur d’oranges. Un négociant, qui se fait par son commerce un revenu de 5 000 liv. st. par an, s’il s’engageait comme commis, n’obtiendrait probablement pas un salaire de 500 liv. st. Ainsi son salaire ne surpasserait pas la dixième partie de ses profits ; tandis que les salaires du vendeur d’oranges seraient plus de 200 fois les profits de son capital.

Un autre avantage, résultant, pour le fermier et le fabricant, de la vente de leurs marchandises aux marchands, est le prompt retour du capital qu’ils ont employé pour les produire ; car ils en reçoivent le prix du marchand beaucoup plus tôt qu’ils n’auraient pu le faire s’ils avaient été obligés de le recevoir peu à peu des consommateurs.

Supposons un manufacturier de coton, qui applique un capital de mille livres sterling à l’emploi de ses ouvriers et qui vende les produits de son travail à un marchand en gros pour 1 100 liv. st. Avec cet argent, il remet immédiatement ses hommes et ses moulins en activité. Si, au lieu de vendre en gros, il vendait lui-même en détail, il gagnerait peut-être 1 300 liv. st. au lieu de 1 200 ; mais comme son argent lui rentrerait très-lentement, et lui et ses ouvriers resteraient nécessairement longtemps inoccupés.

CAROLINE.

Pour le fermier, de tels délais deviendraient ruineux, s’il ne pouvait pas vendre sa récolte à temps, pour donner à sa ferme la culture nécessaire au succès de la récolte suivante.

MADAME B.

Pour éviter de telles extrémités, le fermier et le fabricant seraient obligés l’un et l’autre de diviser leur capital en deux parties, d’employer l’une à la production ou à la fabrication des marchandises et l’autre à leur vente. Aux occupations de l’agri-