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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Ceci paraît donc lever le doute sur la dépréciation.

MADAME B.

Vous pouvez vous souvenir qu’en entreprenant de vous aider à acquérir quelque connaissance de l’économie politique, je convins avec vous de me borner aux points le mieux établis. Nous devons donc nous abstenir de décider des questions sur lesquelles on se divise.

Il est facile d’avoir quelque connaissance des principes d’une science, mais très-difficile d’en faire l’application. Je souhaite en particulier que vous soyez en garde contre les conséquences précipitées. Les erreurs qui naissent d’une fausse application des principes les plus sains, sont rarement moins dangereuses que celles qui sont l’effet d’une ignorance totale.

Terminons enfin nos observations sur la monnaie courante, que désormais nous pouvons considérer comme ne consistant pas uniquement en espèces, mais comme étant composée de monnaie métallique et de papier-monnaie.

CAROLINE.

Est-il nécessaire, je vous prie, que la valeur de la monnaie qui a cours dans un pays soit égale à la valeur des marchandises qu’elle y fait circuler ?

MADAME B.

Nullement. La même guinée, ou le même billet de banque, peut servir à transférer d’un individu à un autre la valeur de plusieurs centaines de livres sterling de marchandises en très-peu de temps. Il y a d’ailleurs plusieurs expédients pour économiser la monnaie. Le plus remarquable est un arrangement fait entre les banquiers. Leurs commis se rassemblent chaque jour, après les heures des affaires, pour échanger entr’eux les traites faites de l’un sur l’autre le jour précédent. Si, par exemple, la maison A. a des traites sur la maison B. pour la somme de 20 000 liv. sterl. ; cette dernière a aussi très-probablement des traites sur la première, quoique peut-être elle n’en ait pas pour la même somme ; les deux maisons échangent leurs traites jusqu’au point où elles peuvent se balancer, et s’épargnent ainsi la peine de se procurer de la monnaie pour le