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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

monnaie, puisque les marchandises ont dû en être renchéries.

MADAME B.

Une guerre cause en général un déficit dans les marchandises étrangères ; et il peut y en avoir aussi un dans les produits agricoles destinés à notre propre consommation ; mais quant aux produits des manufactures anglaises destinés à l’exportation, il doit, avons-nous dit, y avoir surabondance, à cause de la difficulté de les exporter. Supposons donc que la dépréciation de la monnaie cause une hausse générale de 10 pour cent dans la valeur des marchandises, et que d’un autre côté la quantité excédante d’ouvrages de nos manufactures les fasse baisser de 20 pour cent ; à quel prix ces ouvrages se vendraient-ils ?

CAROLINE.

Dix pour cent doivent être ajoutés à cause de la dépréciation de la monnaie, et 20 pour cent doivent être déduits à cause de la quantité excédante de ces ouvrages ; ainsi cette espèce de marchandises se vendrait à 10 pour cent meilleur marché que ci-devant. Le bon marché de nos ouvrages de manufacture anglaise n’est pas une preuve que notre monnaie courante n’ait pas été dépréciée. Ceci me rejette dans l’incertitude, madame B., et je ne sais, dans cette question, quel parti prendre.

MADAME B.

Le plus fort argument en faveur de la dépréciation de la monnaie est, que les guinées ne passaient plus pour la même valeur que l’or en lingots, qui est la mesure naturelle de la valeur de la monnaie métallique.

CAROLINE.

L’or avait-il été altéré, et une once d’or avait-elle été taillée en plus de pièces que 3 liv. 17 s. 10 1/2 d. sterl. ?

MADAME B.

Non ; mais l’or en lingots participait à la hausse générale des marchandises ; et au lieu de se vendre pour 8 liv. 17 s. 10 1/2 d. sterl., il se vendait pour 4 liv. sterl. et même il s’en est une fois vendu pour 5 liv. sterl. l’once.