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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

trop, ce sera l’inverse du cas précédent ; le fermier gagnera et le propriétaire perdra ; car la rente ne vaudra plus en réalité autant qu’auparavant ?

MADAME B.

Sans doute. Une autre classe de personnes essentiellement affectées par un changement dans la valeur de la monnaie, est celle des ouvriers improductifs. Leur paie est en général un gage régulier, qui n’est pas sujet aux mêmes variations que les salaires des ouvriers productifs. La paie de la flotte et de l’armée, de tous les hommes en office sous les ordres du gouvernement, et de ceux qui remplissent des places d’enseignement public, est une paie fixe. Ces différentes personnes éprouvent donc la perte ou le bénéfice résultant d’un changement dans la monnaie.

CAROLINE.

Les classes les plus élevées d’ouvriers improductifs peuvent être en état de supporter les pertes causées par la dépréciation de la monnaie ; mais comment le matelot et le soldat les supportent-ils ? Il faut absolument qu’ils vivent convenablement de leur paie.

MADAME B.

Ils sont payés, pour l’ordinaire, partie en argent, et partie en vivres et vêtements ; ils souffrent donc moins de la dépréciation de l’argent que s’ils n’étaient payés qu’en argent. Il a cependant paru nécessaire en dernier lieu d’augmenter la paie de l’armée et de la flotte.

CAROLINE.

La valeur de l’argent a donc baissé ?

MADAME B.

Oui, elle a baissé ; mais il faut, pour vous en expliquer la raison, attendre un autre entretien. Une troisième classe qui souffre de la dépréciation de la monnaie est celle des créanciers, qui ont prêté de l’argent à long terme, comme font ceux qui vivent d’annuités, et en particulier les créanciers de l’État. Non-seulement les intérêts qu’ils reçoivent sont dépréciés, mais aussi leur capital. Leur intérêt est nominalement le même, quelque diminution qu’ait éprouvée la monnaie ; et avec un revenu en apparence stationnaire, ils par-