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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

marchandises baisse ; le prix, c’est-à-dire, la valeur échangeable estimée en monnaie.

Pour éclaircir cela par un exemple ; supposons que la quantité vénale ou l’offre du pain soit exactement égale à la demande, en sorte que la valeur échangeable de cette denrée coïncide avec sa valeur naturelle ; comment la rareté de la monnaie affecterait-elle cette valeur ?

CAROLINE.

Lorsqu’une chose manque, sa valeur échangeable, et par conséquent son prix s’élève au-dessus de sa valeur naturelle. Si donc l’or et l’argent viennent à manquer, une moindre quantité de ces métaux s’échangera pour la même quantité de marchandises ; ainsi un pain sera vendu pour moins de monnaie ; en d’autres termes, il sera à meilleur marché.

MADAME B.

C’est cela ; et non-seulement le pain, mais la viande, les habits, les meubles, les maisons, en un mot, tout sera à meilleur marché, en conséquence de la rareté des métaux précieux.

CAROLINE.

Il paraît donc qu’une rareté de monnaie est avantageuse à un pays, puisqu’elle fait baisser le prix de toutes choses.

MADAME B.

Quand le bas prix des marchandises est l’effet d’une abondance, qui elle-même résulte de quelque réduction dans les frais de production, il est très-avantageux ; mais il n’en est pas de même quand ce bas prix provient de la rareté de la monnaie. Dans ce dernier cas, la quantité de la marchandise n’est pas augmentée, et les marchandises sont à meilleur marché, sans aucun changement survenu dans leur valeur échangeable. On peut dire qu’elles sont nominalement, et non réellement, à plus bas prix. Si, par exemple, un pain se vendait un denier sterling, sans qu’il y eût un seul pain de plus dans le pays que quand il se vendait douze deniers, ce bas prix ne rendrait pas le pain plus abondant.

CAROLINE.

Mais si le pain avait baissé jusqu’à ne valoir qu’un denier, sans