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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

CAROLINE.

Ainsi l’or s’achète avec les marchandises, précisément comme les marchandises avec l’or ?

MADAME B.

Précisément ; ceux qui prennent nos marchandises en échange contre de l’or en lingots, font un achat, qui conserve toutefois le nom d’échange, parce que cet or n’est pas monnayé.

CAROLINE.

Et si les mines devenaient moins productives qu’à l’ordinaire, ou si quelque circonstance rendait l’or rare, et élevait par-là même sa valeur échangeable, nous serions forcés d’exporter plus de marchandises pour la même quantité d’or ?

MADAME B.

Cela est hors de doute. La valeur naturelle de l’or en lingots, comme celle de toute autre marchandise, peut être estimée par la rente, les profits et le salaire, que cet or a coûté ; et sa valeur échangeable flotte comme le rapport de l’offre à la demande. Cette fluctuation toutefois ne peut être découverte que par la plus ou moins grande quantité de marchandises nécessaire pour obtenir en échange la même quantité d’or. Car comme l’or et l’argent peuvent être achetés par toutes sortes de marchandises, ils ne sont pas susceptibles d’être mesurés par un étalon fixe de valeur, comme les autres choses, que l’on estime par une seule et même marchandise particulière, savoir la monnaie.

CAROLINE.

Comme l’or et l’argent sont l’étalon ou la mesure fixe de valeur pour toutes les autres marchandises, je conçois que toutes doivent être affectées des variations qui ont lieu dans la valeur échangeable de ces métaux ?

MADAME B.

Et c’est la raison pour laquelle la monnaie n’est pas une exacte mesure de la valeur des marchandises. Car si la monnaie, à cause de son abondance, perd de sa valeur, cela fait hausser le prix des marchandises ; si elle croît en valeur par sa rareté, le prix des