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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

donné, est tout plein d’erreurs de ce genre ; et ces erreurs sont d’autant plus dangereuses pour ceux qui ne sont pas instruits en cette matière, que le poème est plus généralement lu et admiré.

CAROLINE.

J’aurais presque regret d’apprendre quelque chose qui rabaissât ce poème dans mon estime.

MADAME B.

Le mérite de l’ouvrage, sous le point de vue poétique, fait aisément excuser quelques erreurs relatives à la science. La vérité, comme vous savez, n’est pas essentielle à la beauté poétique ; mais il est toujours essentiel de savoir distinguer entre la vérité et la fiction.

CAROLINE.

Fort bien, madame B., mais après tout, l’ignorance de l’économie politique est chez les femmes un défaut supportable. C’est l’affaire du gouvernement de réformer les erreurs et les préjugés qui ont rapport à cette science ; et puisque probablement nous ne serons pas appelées à nous placer au rang des législateurs, n’est-il pas tout aussi bien pour nous de rester dans une heureuse ignorance des maux auxquels nous n’aurons point le pouvoir de porter remède ?

MADAME B.

Quand on plaide en faveur de l’ignorance, il y a lieu de présumer que l’on soutient une mauvaise cause. Si la connaissance des principes de l’économie politique était un peu plus répandue parmi les femmes, et si elle les empêchait de propager des erreurs que cette science peut seule dissiper, il en résulterait quelques avantages qui ne sont point à mépriser. L’enfance se passe à acquérir des idées ; l’adolescence, à les soumettre à l’examen et à rejeter celles que l’on juge fausses ; combien ce dernier travail serait facilité, si l’on diminuait le nombre des erreurs de l’enfance et que l’on s’appliquât à n’inculquer à cet âge que des vérités.

CAROLINE.

Vous ne voudriez pas cependant enseigner l’économie politique aux enfants ?