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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

en échange. Un diamant, au contraire, n’a presque aucune valeur quant à l’usage, mais on trouvera fréquemment à l’échanger contre une très-grande quantité d’autres marchandises. »

Des écrivains plus récents qui ont traité de l’économie politique, et dont j’ai adopté l’opinion, ont été un peu au delà de celle d’Adam Smith, plutôt qu’ils ne s’en sont écartés, en rapportant toutes les valeurs à une seule et même source, l’utilité ; doctrine qui conduit à cette conséquence, que c’est en appliquant à une marchandise le travail de l’homme qu’on lui donne une valeur échangeable.

Nous avons dit que le prix d’une marchandise était sa valeur échangeable estimée en monnaie. Il correspond généralement aux frais de production de cette marchandise, c’est-à-dire, à la dépense qu’il a fallu faire pour la mettre en état d’être vendue. Vous pourriez maintenant me dire, je pense, pourquoi cette armoire de bibliothèque a plus de valeur que cette table ?

CAROLINE.

C’est parce qu’on a mis plus de travail à la faire, et que par conséquent il y a plus de travail à payer. Mais, madame B., l’argent que cette armoire coûte ne va pas tout entier aux ouvriers qui l’ont faite ; il faut que les matériaux qu’on y a employés soient aussi payés : l’entrepreneur qui l’a vendue a dû y faire aussi quelque profit.

MADAME B.

C’est le capital de ce dernier qui a acheté les matériaux bruts, fourni les instruments, et mis les ouvriers en activité ; sans lui, l’armoire n’aurait pas été faite. Le prix des marchandises est la rétribution due, non-seulement à ceux qui les ont préparées et fabriquées, mais aussi à tous les ouvriers productifs, qui ont été employés à les mettre en état d’être vendues ; car chacun d’eux a concouru à leur donner une valeur.

Nous avons observé ci-devant, qu’aucun ouvrage ne peut être entrepris si l’on n’a à sa disposition, un capital pour l’entretien de l’ouvrier, et pour lui fournir des instruments de travail et des matériaux. L’ouvrier, qui subsiste de ce capital et qui y puise ses moyens de travail, change un tronc d’arbre en un meuble utile, qui acquiert une valeur proportionnée à l’utilité qu’il a acquise. Le profit du capital est donc une partie constituante de la valeur