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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

lier des marchandises en suie ou en coton, du thé, du sucre, ou d’autres denrées, ne diriez-vous pas encore qu’il a beaucoup de valeur ?

CAROLINE.

Certainement ; si le collier vaut 1 000 livres sterling, il n’importe pas que je les paie en monnaie ou en toute autre chose donnée en échange.

MADAME B.

La valeur de la marchandise est donc estimée par la quantité des autres choses en général contre lesquelles on peut l’échanger ; et c’est pour cela qu’on l’appelle souvent valeur échangeable ou valeur en échange.

CAROLINE.

Ou, en d’autres termes, le prix de la marchandise.

MADAME B.

Non ; le prix a un sens moins étendu. Le prix d’une marchandise est sa valeur en échange estimée en argent seulement. Il est indispensable de retenir cette distinction.

CAROLINE.

Mais qu’est-ce qui donne à une marchandise de la valeur ? J’avais toujours cru que c’était à son prix quelle devait sa valeur ; mais je commence à m’apercevoir que je me trompais en cela, car les choses ont de la valeur indépendamment de l’argent ; c’est leur valeur réelle et intrinsèque, qui fait qu’on donne de l’argent pour les avoir.

MADAME B.

Assurément ; l’argent ou la monnaie ne peut pas donner de la valeur aux marchandises ; ce n’est que l’échelle qui lui sert de mesure, comme une aune mesure une pièce de toile.

CAROLINE.

J’imagine que la valeur des choses doit consister dans leur utilité, car on estime d’ordinaire une marchandise par l’usage que l’on en peut faire. La nourriture, le vêtement, les maisons, les meubles, les équipages, ont chacun leur usage.