Page:Marcet - L’économie politique en vingt-deux conversations, 1837.pdf/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Un homme riche n’engage pas un agent pour son propre compte, mais il prête son capital à quelqu’un qui l’applique à l’agriculture, aux manufactures, ou au commerce, et qui lui paie tant pour cent, pour prix de l’emploi qu’il en fait. C’est ce qu’on appelle prêter son argent à intérêt.

CAROLINE.

N’y a-t-il que l’argent que l’on prête de la sorte ; ou prête-t-on aussi le capital qui consiste en divers produits ?

MADAME B.

Cela revient au même ; car l’argent donne à celui qui l’emprunte un droit acquis sur une partie proportionnelle des produits du pays. Si la monnaie n’achetait pas ce dont l’emprunteur peut avoir besoin, elle ne répondrait pas au but qu’il se propose ; mais elle lui procurera les matériaux et les instruments du travail de ses ouvriers, leur entretien, les fonds pour la ferme, ou les marchandises pour le commerce ; en un mot elle le mettra en état d’exercer son industrie de la manière qu’il jugera la plus profitable.

CAROLINE.

J’aurais imaginé que le capitaliste aurait trouvé plus d’avantage à engager un agent à gages, pour l’emploi de son capital ?

MADAME B.

Cette méthode ne réussirait pas probablement aussi bien ; si, au lieu de prêter à intérêt, l’homme riche remettait à un agent payé l’emploi de son capital, cet agent ne serait pas assez attentif à éviter des risques, dont il n’aurait point à souffrir.

CAROLINE.

Mais le prêt à intérêt n’est-il pas sujet à la même objection ? Si celui qui emploie le capital se ruine, le propriétaire du capital éprouve le même sort.

MADAME B.

C’est aussi ce qui arrive assez souvent ; il y a cependant moins de risque que si celui qui emploie le capital pouvait faire perdre le propriétaire sans s’en ressentir lui-même, comme il arriverait s’il