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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Quand un homme jouit d’une grande propriété, il arrive souvent qu’il ne veut pas prendre la peine de la faire valoir lui-même ; et qu’en ce cas il charge un autre de le faire pour lui. Vous avez vu qu’un propriétaire foncier, qui ne veut pas mener lui-même sa ferme, en tire un revenu que son fermier lui paie sous forme de rente.

CAROLINE.

Mais j’ai en vue des hommes riches qui n’ont point de terres, et qui vivent de leur revenu, quoiqu’ils n’emploient point leur capital.

MADAME B.

Un moment de réflexion, et vous resterez convaincue qu’un capital ne peut point donner de revenu s’il n’est employé. Si donc celui qui le possède ne l’applique pas lui-même à quelque branche d’industrie, il faut qu’un autre le fasse pour lui. Dans ce cas, on peut supposer que le capitaliste dit : « Je possède un ample fonds de subsistance pour des ouvriers, et de matériaux pour l’industrie, mais je voudrais qu’un autre se chargeât du pénible soin de mettre tout ce monde à l’ouvrage et d’en réaliser les profits. »

CAROLINE.

Celui qui prendra cette peine doit être honnêtement indemnisé du travail et du temps, qu’il consacrera à faire valoir un capital qui ne lui appartient pas.

MADAME B.

Sans contredit ; une grande portion des profits provenant de l’emploi du capital doit aller à celui qui s’en charge : mais quand un homme a une très-grande propriété, il aime mieux faire le sacrifice de cette portion des profits, que de prendre la peine de diriger lui-même l’emploi de ses capitaux. Ainsi vous voyez que celui qui possède le capital et celui qui l’emploie sont souvent des personnes différentes.

CAROLINE.

Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu dire d’un homme riche, qu’il avait un agent chargé de l’emploi de son capital ?