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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

fermier ne puisse plus l’inspecter en entier par lui-même ; ni si bornée, qu’elle ne puisse suffire à tous les fonds nécessaires pour la mettre dans le meilleur état de culture. Mais c’est là un point que l’on peut en toute sûreté abandonner à lui-même. Je ne crains pas que ce pays-ci puisse souffrir de la différence d’étendue des fermes ; car il y a fort peu de petites propriétés foncières ; et comme il est de l’intérêt du propriétaire de tirer de sa terre le meilleur revenu, il la mettra à ferme par portions de telles grandeurs qu’il jugera les plus propres à remplir ce but. À un fermier opulent, il remettra une grande ferme, et refusera même un seul champ à celui qui, manquant de ressources, épuiserait sa terre au lieu de l’amender.

Les avantages des grandes fermes ont été si bien présentés dans un des derniers numéros du Journal d’Édimbourg, que je crois devoir vous lire ce morceau :

« Il est très-clair que quelques-unes des inventions mécaniques les plus utiles n’auraient jamais pu devenir d’un usage général, s’il n’y avait jamais eu de fermes de plus de 100 ou 150 acres ; qu’aucune amélioration n’aurait pu se faire dans les races de nos bestiaux ; que la division du travail serait restée encore plus imparfaite qu’elle ne l’est actuellement, et que l’accumulation de travail que nécessite en certains moments le besoin d’accélérer l’ouvrage aurait été encore plus difficile ; que l’on n’aurait pas pu se conformer à cet arrangement systématique, par lequel chaque différente qualité de terrain est appelée à produire les récoltes et à nourrir les animaux auxquels elle est le plus propre ; qu’il aurait été presque impraticable de suivre cette agriculture des assolements, qui, en combinant, sur une même ferme, les pâturages avec les terres labourées, contribue si puissamment à maintenir et accroître la fertilité du sol ; que le surplus du produit, destiné à l’entretien des villes, aurait été en tout temps peu considérable ; qu’à cause de la pauvreté des petits tenanciers, il aurait été porté au marché en trop grande abondance au commencement de la saison, au lieu de se distribuer convenablement sur toute l’année ; et que dans les mauvaises années il n’y aurait point eu de surplus : en un mot, il est clair que, comme aucun homme entreprenant et possédant de forts capitaux ne se serait livré à l’exercice de cet art, nos marais, nos terres inondées, et en général tous nos terrains de qualité infé-