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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

Italie, où la terre est tellement subdivisée, que souvent un métayer, réduit à vivre du produit de trois ou quatre acres, ne jouit pas de beaucoup plus d’aisance qu’un de nos simples manouvriers d’Angleterre. En France et en Suisse, ce système est borné presque exclusivement à l’olivier et à la vigne. Mais quelque convenance qu’il puisse y avoir à l’adopter pour certaines cultures particulières, la méthode usitée en Angleterre, qui consiste à mettre les terres à ferme, me paraît plus avantageuse non-seulement au fermier, mais aussi, en dernier résultat, au propriétaire, qui par-là peut obtenir la plus forte rente pour la terre la mieux cultivée ; et comme elle donne le plus grand produit, elle est aussi la plus avantageuse pour le pays. En Espagne, cette méthode ne peut être adoptée faute de riches tenanciers. La richesse y est principalement possédée par la noblesse et le clergé. Il n’y a point d’yeomen, c’est-à-dire de fermiers qui cultivent leurs propres fonds ; ceux qui composent la classe moyenne sont en petit nombre, et tellement destitués de capital, qu’ils sont hors d’état de prendre une terre à ferme.

CAROLINE.

J’ai souvent désiré que la propriété de la terre fût plus subdivisée dans notre pays. Qu’il serait doux de voir chaque cabane entourée de quelques acres appartenant à celui qui l’habite ! Cela le mettrait en état d’avoir une vache, quelques cochons, et de nourrir, en partie au moins, sa famille du produit de sa petite ferme. Vous rappelez-vous les vers de Goldsmith ? « Il fut un temps, avant que les maux de l’Angleterre eussent commencé, où chaque quart d’arpent nourrissait un homme : mais aujourd’hui, hélas !… le long des prairies, où s’élevaient des hameaux répandus çà et là, reposent une richesse gigantesque, une pompe incommode, et tous les besoins qu’entraîne le luxe[1]. »

MADAME B.

Voici un passage des Voyages en France d’Arthur Young, où cette question me semble très-bien discutée.

  1. A Time there was, e’er England’s griefs began
    When every rood of ground maintain’d its man :
    But now alas !…
    Along the lawn where scatter’d hamlets rose,
    Unwieldy wealth and cumb’rous pomp repose,
    And every want to luxury allied.