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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

meilleures méthodes ; ils excitent l’émulation, font réparer les routes, assurent une bonne police aux villages qui les entourent. Leur présence empêche que leurs tenanciers ne soient à la merci de leurs intendants. Ils encouragent les sobres, les habiles, les diligents ; et se débarrassent de ceux qui surchargent inutilement leurs terres. Leurs fermiers, de leur côté, trouvant un marché tout prêt pour les produits du sol, deviennent riches, et par cette augmentation de biens rendent la terre de plus en plus productive. »

CAROLINE.

Tant d’avantages me frappent, et je commence à croire que, si tous les propriétaires cultivaient eux-mêmes leurs terres, le pays s’en trouverait bien ; car quoiqu’ils n’y gagnassent pas, les améliorations et les progrès de la science agricole seraient un profit général.

MADAME B.

Un petit nombre de cultivateurs de cet ordre suffit à la science. Si c’était un usage établi que les propriétaires fussent leurs propres fermiers, je crois que le produit agricole en souffrirait ; car ni l’étendue du capital, ni la science, ne peuvent en général compenser la vigilance et la sagacité d’un fermier laborieux, sans cesse attentif à faire en sorte que tout donne un bénéfice.

CAROLINE.

Je suggérerais l’idée d’une espèce de milieu entre ces deux méthodes. Un propriétaire pourrait ne point donner à ferme et ne point être son propre fermier, mais employer un agent, dont le salaire serait proportionné au produit qu’il obtiendrait de la terre.

MADAME B.

C’était à peu près ainsi, je crois, que les fermes des nobles étaient tenues par leurs vassaux, à l’époque où ceux-ci commencèrent à sortir d’esclavage, et où les services militaires cessèrent de paraître, comme aux temps de la féodalité, une rémunération suffisante pour la concession du sol. Donner au cultivateur une part dans le produit est certainement un aiguillon d’industrie ; mais il est beaucoup moins puissant que la sécurité et l’indépendance d’un fermier à