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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

MADAME B.

Et la différence de ces rentes égalisera les profits que ferait un fermier en versant sur chacune de ces fermes un même capital. Par une moyenne de culture, une ferme qui exige un capital de 4 000 liv. sterl. peut payer une rente d’environ 200. sterl. ; la part du fermier étant à peu près le double de celle du propriétaire.

CAROLINE.

Vous m’avez dit dans notre dernier entretien qu’on avait récemment estimé la rente de la terre seulement à un cinquième du produit. Une ferme telle que celle dont vous parlez, donnerait donc un produit de 1 000 liv. st. ; et dans ce cas les profits du fermier seraient quatre fois aussi grands que ceux du propriétaire ?

MADAME B.

Vous oubliez que du profit total, il faut déduire, non-seulement la rente, mais aussi les frais de culture ; ceux-ci sont généralement estimés à une moitié du produit, déduction faite de la rente ; il restera donc 400 liv. sterl. ; ce qui est un profit de dix pour cent sur le capital employé dans cette ferme. Si, sur cette somme, le fermier fait une épargne de 50 liv. sterl., il peut l’employer à améliorer sa terre, ce qui lui vaudra un produit plus abondant l’année suivante ; le bénéfice qui en résultera sera en entier pour lui, puisque la rente reste la même jusqu’à la fin de son bail.

CAROLINE.

Mais au renouvellement du bail, le propriétaire apparemment demandera une plus forte rente pour sa terre ainsi amendée ?

MADAME B.

Sans contredit ; et par cette raison, il est à désirer que les baux à ferme ne soient pas faits à termes courts ; car avec de tels baux, les fermiers n’auraient pas de motifs à faire des améliorations sur leurs terres, puisqu’ils n’auraient pas un certain nombre d’années pour en jouir.

CAROLINE.

Mais vers la fin du bail, cette objection demeure dans toute sa force ?