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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.


CONVERSATION X.


DU SORT DES PAUVRES.

De la culture des communaux et des terres en friche. — De l’émigration. — Éducation des classes inférieures. — Sociétés dites de bénéfice. — Caisse d’épargne. — Secours des paroisses. — Aumônes et charités privées. — récompenses.
CAROLINE.

Dans notre dernier entretien, vous m’avez fait sentir les suites fâcheuses d’une population excédante. Elles m’ont péniblement affectée. J’ai été dès-lors constamment occupée à examiner comment on pourrait les prévenir, et faire en sorte que les moyens de subsistance s’élevassent au niveau de la population, plutôt que de laisser la population descendre au niveau des subsistances. Quoique nous n’ayons pas les mêmes ressources territoriales qu’en Amérique, nous possédons cependant des terres en friche, qui, si on les mettait en culture, donneraient de nouveaux produits.

MADAME B.

Vous oubliez que le travail est limité par le capital, et qu’on ne peut pas employer plus d’ouvriers qu’on ne peut en entretenir. Ils vivent au jour le jour ; et si on ne leur fournit pas le nécessaire, on n’en obtiendra jamais rien. Tous les ouvriers que le capital du pays peut nourrir étant déjà mis en activité, la seule question qui se présente à résoudre est celle-ci : Vaut-il mieux les employer sur une terre déjà cultivée, ou sur des terres neuves, qu’il s’agit de rompre et de défricher ? Sur ce point, le plus sage est sans doute de s’en rapporter au jugement des cultivateurs ; car il n’est pas moins de leur intérêt que de celui de l’ouvrier, d’obtenir le plus grand produit. Jusqu’à un certain terme, on a trouvé plus avantageux d’appliquer le capital à améliorer la culture des terres anciennes, qu’à le répandre sur les nouvelles ; parce que le sol des terres incultes est pauvre,