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Y avait un tapis-franc qu’était peint en rouge ;
Après la lourde y avait un’ lanterne rouge.

Vlà qu’un soir on avait un peu de galtouille
Un sorgueur pass’ les brêm’s : “A toi, coupe et touille !
Je siffle un coup d’eau d’aff et puis je maquille.
Près d’moi une gouss’ passait des langues à sa vrille.
Vlà sa dab qui m’jaspin’ : “Si t’as pas la flemm’ :
C’est un’ fleur de Marie avec un louch’bem.

Y avait un tapis-franc qu’était peint en rouge ;
Après la lourde y avait un’ lanterne rouge.

Je r’mouch’ : la largu’ n’avait pas encor’ seiz’ berges,
Des rondins bien gonflés et blanch’ comme un cierge,
De la sorgue aux mirett’s, et du riffe aux joues ;
Chiquait à son miché de girondes moues.
C’était pas un poteau : il avait le taf —
Moi j’l’avais coltigé avec de l’eau d’aff.

Y avait un tapis-franc qu’était peint en rouge ;
Après la lourde y avait un’ lanterne rouge.

Je m’aboule et j’lui dis : “Eh ! va donc, grand’tante !
T’es pas un fanandel, t’es qu’un con de panthe ;
J’aggriffe ta gonzesse et je te dégote,
Tu ne lui foutras rien ce soir dans la motte !”
Il me coll’ sa desfous — j’empoigne l’abatis
Et j’palpais durement l’bout d’ses salsifis.

Y avait un tapis-franc qu’était peint en rouge ;
Après la lourde y avait un’ lanterne rouge.