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XV
PRÉFACE

dont l’esprit est toujours si brillant et agité.

Il fait un séjour à Londres au mois d’août et de septembre 1900, et il épouse, devant le register de Bartholemews Close, une vieille paroisse de Londres, Marguerite Moreno. Il retrouve son grand ami l’érudit Charles Whibley, et fait visite à Meredith.

L’année suivante, aux mois d’avril et de juillet, Marcel Schwob séjourne tristement dans l’île de Jersey, envoyant à Gaston Paris des notes pour la Romania sur Villon. Il songe à écrire un grand livre sur le poète du xve siècle qu’il connaît si bien ; mais vraiment, il souffre affreusement et se sent trop diminué physiquement pour le réaliser. Jersey, c’est la prison de Marcel Schwob ! On le retrouve à Uriage, et il fait le projet d’un grand voyage en Océanie, espérant que l’air de la mer lui rendra des forces et la santé (août 1901).

Depuis longtemps l’esprit de Marcel Schwob était hanté par la pensée de Robert-Louis Stevenson qui venait précisément de mourir à Samoa. Stevenson et Schwob ne s’étaient jamais vus ; ils échangeaient des lettres, et Stevenson lui avait laissé espérer qu’ils se retrouveraient à Paris, chez Lapérouse, non loin du Petit-Pont où Villon avait flâné. Marcel Schwob avait écrit plusieurs remarquables essais sur son ami et préfacé la traduction du Dynamiteur.

Stevenson n’était plus : il reposait dans un tombeau polynésien, et Marcel Schwob avait imaginé de se diriger vers lui, dans l’île silencieuse. Il s’embarque au mois d’octobre 1901 sur la Ville de la Ciotat, tenant une sorte de journal sous forme de lettres adressées à sa “Marguerite bien-aimée”. Mais ces lettres forment un véritable livre, un livre