Page:Marcel Schwob - Œuvres complètes. Écrits de jeunesse.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Agamemnon par le discours d’Egisthe (22) ; la pièce se suffisait ainsi à elle-même. Un double contraste existe entre Agamemnon et Egisthe d’une part, entre Clytemnestre et Cassandre de l’autre et les personnages sont mutuellement liés, Agamemnon à Clytemnestre et à Cassandre, Clytemnestre à Agamemnon et à Egisthe.

L’analyse des Choéphores et des Euménides nous entraînerait trop loin. La loi de symétrie dans la tragédie simple a été suffisamment esquissée pour que l’on puisse facilement dégager le procédé de composition d’Eschyle. Dans les Choéphores on trouve d’une part Oreste et Électre, de l’autre Clytemnestre avec Egisthe ; le tombeau d’Agamemmon unit ces deux groupes. Cette pièce, avec les Suppliantes, est une de celles où la stichomythie est la plus développée. La scène où Agamemnon est supplié par son fils et sa fille est d’un art consommé ; les invocations s’appellent et se répondent (23). L’horreur profonde du moment où Oreste va tuer sa mère n’a pas empêché Eschyle d’encadrer le dialogue dans une rigoureuse stichomythie. Les fureurs d’Oreste qui voit les “chiennes vengeresses de sa mère” s’exhalent dans une distichomythie admirablement ouvragée.

Dans les Euménides l’équilibre existe entre l’acte de justice divine accompli par Oreste et le crime de famille pour lequel les Euménides le poursuivent. D’un côté Apollon et Athéné ; de l’autre l’ombre de Clytemnestre et les Furies ; entre les deux se trouve Oreste. La catastrophe est la délivrance d’Oreste par Athéné. L’alternance de la distichomythie de Clytemnestre avec les ronflements et les cris entrecoupés des Euménides est encore une preuve de