Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

93
sabine

Mais elle sentit qu’il la retenait ; pendant que Renée appelait pour qu’on ramassât les débris, elle se remit commodément dans sa position favorite.

Il la renversait et lui donnait des tapes à travers sa jupe, sur le derrière, comme à une petite fille ; soudain elle se redressa :

— Monsieur, finissez ! Je vais être une femme bientôt.

— Tu crois ? répéta-t-il en continuant le même jeu.

— À propos, demanda Sabine, dites-moi donc un peu…

— Quoi ? interrogea le peintre la voyant s’arrêter au milieu de sa phrase.

— Rien, fit-elle d’un ton décisif en le regardant narquoisement.

La bonne achevait d’éponger le tapis, et s’en allait ; le silence continuait entre eux.

— Je suis sûre, interrompit Sabine, que la vaisselle doit durer plus longtemps chez M. Raimbaut.

— Pourquoi ? interrogea Renée, l’examinant du coin de l’œil.

— C’est qu’il ne ressemble guère à quelqu’un qui soulève des tempêtes et sème les débris autour de lui.

— Elle ne l’aime pas, songeait Duvicquet.

— Ah ! mon Dieu ! continua l’enfant, si j’allais ne pouvoir m’en accommoder maintenant.

— Il se passerait de toi, voilà tout, répliqua le peintre, ressaisissant ses railleries habituelles.

— Et vous croyez, s’écria Sabine avec un aplomb