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conseiller de préfecture, âgé de 34 ans. Elle avait choisi un soir où Henri recevait trois ou quatre intimes, afin qu’il lui fût facile de s’isoler à côté de Sabine, et d’entamer un entretien avec elle. Mais, dès les premiers mots, la jeune fille lui coupa la parole.

— Inutile d’aller plus loin, monsieur ; je sais que vous venez pour moi et non pour mon tuteur. On nous a mis à côté l’un de l’autre pour que vous me parliez et que je réponde ; mon Dieu, c’est très simple. Ne vous donnez donc pas le mal d’un préambule qui ne m’apprendrait rien du tout puisque je sais fort bien ce que nous faisons ici.

Elle lui tendait la main à l’anglaise et il s’asseyait assez déconcerté de n’avoir en effet rien à dire.

— Si nous étions en juillet, avait-elle ajouté, sans souci de Renée qui tremblait d’une boutade de sa part, je vous aurais proposé de tenter une pleine eau afin de nous étudier complètement à l’aise en dehors des curieux… Mais en hiver, pas de ressource.

— Ce n’est nullement nécessaire, mademoiselle, répliquait alors M. Raimbaut en souriant. Je vous connaissais déjà, vous ayant aperçue…

— Ah ! oui, je sais, chez Renée, à la campagne. D’ailleurs, on n’est jamais long à savoir à quoi s’en tenir sur mon compte, n’est-ce pas ? C’est facile de voir que je suis à prendre ou à laisser.

La conversation suivant ce train-là, M. Raim-