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sabine

— Et comment l’appelles-tu, ton protégé ?

— Je l’appelle M. Raimbaut.

— Raimbaut ?… Ce n’est pas un nom, ça. Raimbaut ?… Ah si, au fait, il y a un paysan dans Robert le Diable… le fiancé d’Alice, qui s’appelle Raimbaut. À propos, est-ce qu’il me laissera fumer, ton monsieur Raimbaut ?

— Pourquoi pas ?

— Est-ce qu’il me permettra de porter mes vêtements d’homme, de coucher dans mon hamac et d’installer un jet d’eau dans ma chambre si ça me fait plaisir ?

— Je t’assure qu’il ne demandera pas mieux.

— C’est singulier, répéta la jeune fille, pensive ; il faut alors que ce soit un grand criminel.

— Et pourquoi, grand Dieu ?

— Pour me permettre de faire ce qui, j’en suis convaincue, doit être l’opposé des habitudes d’un « monsieur très bien », il doit certainement avoir des… machines à travers la conscience, qui l’empêchent de choisir une autre femme que moi.

— Te voilà reprise de tes exagérations, ma pauvre Sabine. M. Raimbaut t’a vue, l’an dernier, chez moi, à la campagne, sans que tu t’en doutes. S’il te demande, c’est qu’il t’aime telle que tu es.

— Ah ! il m’a vue ! répéta Sabine en rapprochant ses deux sourcils ; tant pis ! je n’aime pas qu’on se soit permis de m’étudier sans que je l’aie su.

— Hein ! s’écria Duvicquet, quand je vous assurais que tous vos arguments échoueraient et qu’il n’y