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sabine

absente, vous n’eussiez pas accepté votre rôle jusqu’au bout près d’Arroukba.

— Eh ! je l’aurais quittée, sans ce motif. Non, vous n’en avez pas été la cause unique ; non, je ne puis vous laisser croire que je ne m’aperçus pas immédiatement que je ne possédais pour maîtresse qu’une adorable futilité, pas autre chose ; une fille qui s’était laissé prendre pour le seul plaisir de fuir un vieux barbon de maître, mais qui me traita, trois mois après, comme je l’avais vue traiter son mari Lévantin, le jour où je l’emportai roulée dans mon caban.

— Peu m’importe ! fit gravement Renée, je ne cherche pas si elle eut la première les torts que vous me divulguez pour la millième fois ; qui sait si votre constance n’en aurait point fait une femme, une mère ? Qui sait si vous n’eussiez pas réussi à réaliser ce que vous avez accompli aujourd’hui avec sa fille ? Car, enfin, Sabine a juste l’âge qu’avait sa mère lorsque vous l’avez enlevée.

Le peintre secoua la tête.

— Non, non, Renée ! ne vous y trompez pas. Sabine, ma Sabine, est une puissance, un tempérament. Que serait cette créature du sérail à côté d’elle ?

— Ce ne fut pas une infâme, reprit Renée. Si le désenchantement arriva vite pour vous, elle a regretté, de toutes les forces dont elle était capable, celui qui l’abandonnait. Chez les femmes orientales, la tromperie infligée au maître et seigneur appelle si bien le châtiment, que l’amant qui n’use point de