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déposèrent leur plainte en escroquerie en sortant de chez Duvicquet, au moment où l’artiste, désespéré de la disparition de Mme Raimbaut, la cherchait de tous côtés. Une fois l’arrestation exécutée, Renée n’éprouva qu’un désir ; faire argent de ce qui lui restait comme valeurs, tant en argenterie qu’en bijoux. Malheureusement elle réfléchissait qu’elle n’empêcherait pas Henri de passer en jugement.

À son retour les événements précédents s’effaçaient pour donner place à un désespoir sans issue. Sabine demeurait toujours sans connaissance ; la balle ayant traversé le poumon, elle ne devait point vivre le jour suivant.

Les quelques lignes laissées par elle sur la table du salon expliquaient pourquoi et comment elle s’était arrangée pour recevoir la mort.

Éperdue, sans larmes, se mouvant d’une façon mécanique, Renée épiait le dernier souffle de cette enfant qu’elle croyait ne plus entendre ; mais vers six heures du matin, environ, elle fut étonnée de voir ses yeux s’ouvrir et ses lèvres s’agiter.

— Quoi, tu me reconnais ? quoi, tu me parles ?…balbutia Renée.

— J’ai au moins une heure avant de mourir, répliqua Sabine d’un son de voix très bas. Écoute… approche ton oreille de ma bouche… Il faut me pardonner si je t’ai fait souffrir. — Tu comprends… Je ne savais pas… je ne pouvais pas deviner… que toi aussi, tu l’avais… eu.

— Ô ma fille, ma chère petite fille ! murmura Re-