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sabine

Qu’allait-elle donc exiger de si difficile ?…

— Tu vois, commença Mme Raimbaut d’une voix qui tremblait un peu, j’ouvrirai la porte-fenêtre du salon. Je tirerai les grands rideaux, et, sur les grands rideaux, j’attacherai mon mouchoir avec une épingle. Si tu réussis à trouer mon mouchoir, tu recevras ceci pour toi.

Et prenant son porte-monnaie, elle l’ouvrit, et lui montra une pièce d’or.

Joseph s’imagina que « mam’zelle » voulait rire de lui : il avait cru à quelque chose de très difficile à exécuter, et voilà ce qu’elle exigeait ? Pardine ! elle se gaussait, bien sûr.

— Tu crois que je plaisante ? fit elle. La preuve que je ne plaisante pas, c’est que je te le donne de suite, si tu veux tenter le coup. J’ai confiance en toi. Si tu manques, tu me le rendras.

— Je ne manque jamais, répliqua Joseph presque offensé qu’on doutât de son adresse. Allais, allais… j’vas vous le trouer, vot’mouchoir, vous verrais…

— En ce cas, voici l’argent. Tu vois que je ne me moquais pas de toi.

On ne pouvait trouver de meilleur argument pour convaincre un paysan berrichon.

— Place-toi ici, continua Sabine, je vais préparer la cible, et lorsque j’aurai attaché mon mouchoir, tu compteras jusqu’à douze et tu tireras.

— Oui, mam’zelle… Merci tout de même de vot’cadeau. Vous n’en direz rien aux autres, au moins ?