Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.

320
sabine

d’un geste où le désespoir imprimait une roideur mécanique :

— Vous m’assurez, n’est-ce pas, qu’on ne peut pas venir maintenant ?

La vieille regarda Sabine et son masque sardonique se nuançait de férocité.

— On n’a jamais dû venir, répliqua-t-elle enfin, en coulant doucement sa main le long du corps de sa chienne, et en se passant la langue sur les lèvres.

Et comme Mme Raimbaut, atterrée, la fixait de ses yeux fous :

— Est-ce que vous croyez, continua-t-elle hypocritement, que j’aurais consenti à tromper un brave garçon comme votre mari pour sauver votre amant ? Non, non, ma belle ; j’ai voulu voir tout bonnement jusqu’où irait votre cynisme. Quand vous me regarderez comme si vous alliez me dévorer !… Je n’ai pas peur de vous, allez…

Sans proférer une syllabe, sans vouloir en entendre davantage, Mme Raimbaut gagna la porte, comme une ombre, ne se donnant point la peine de la refermer. Mme Varlon ne se soucia pas non plus de se lever pour prendre ce soin ; mais se retournant et haussant la voix :

— À présent, dit-elle, vous pouvez vous montrer, elle est partie.

Le rideau de l’alcôve se souleva, et M. Raimbaut en sortit, mais son visage ne trahissait aucune surprise.