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sabine

que le mal est toujours puni ? Moi, je répète, je déclare qu’au contraire les gredins sont récompensés.

Et, très satisfaite d’avoir enfilé cette banalité, Mlle Léa se redressa en jouant avec sa chaîne de montre.

— Oui, madame, je n’en veux pour preuve que la situation de ce misérable qui a abusé de Frissonnette ; cet homme, dont la fortune et le nom sont dans toutes les bouches…

— Il est donc très en vue ? demanda Sabine pour répondre quelque chose aux invectives qu’on lui servait.

— Quoi, madame, Frissonnette ne vous a pas avoué qui il était ?

— Franchement, je n’ai jamais trop insisté à ce sujet. À propos, quel est donc son nom ?

— Son nom ? mais c’est M. Raimbaut… le gendre de M. Henri Duvicquet, ce peintre qui s’est subitement transformé en banquier… Vous savez, cette histoire dont on a tant parlé il y a un an ? Oui, madame, M. Raimbaut a épousé la fille, ou plutôt la maîtresse de… Mais, pardon, seriez-vous indisposée ?

— Moi ? balbutia Sabine en sentant un écrasement de ses reins l’affaisser sur la causeuse… Oh ! non, nullement… Ah ! Frissonnette… M. Raimbaut… En vérité, c’est étrange.

— N’est-ce pas ? Aussi la pauvre fille en est restée comme hébétée, à demi folle… Vous avez dû vous