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sabine

régler votre vie, ne réveillait-il pas en dépit de votre stoïcisme quelque chose de tendre et d’exquis caché dans votre être, vous insinuant que l’existence devrait battre plus vite pour vous ?… Est-ce que ce n’est pas nature tout ça — dites, monsieur Rougemont ? Est-ce que celle qui l’a subi n’est pas assez trempée pour le traduire à la scène, bien ou mal ? — Bonsoir ! à un de ces jours, n’est-ce pas ?

Elle mettait quand même dans son accent un peu âpre des mollesses charmantes. À l’irrécusable tremblement des lèvres de la jeune femme, Rougemont comprit qu’il avait été dur.

— Tenez, mon enfant, fit-il brusquement, nous recauserons de votre projet. En attendant, je vais de ce pas rejoindre Henri. À nous deux, qui sait ?… nous inventerons un moyen, un atermoiement quelconque. Il est chez vous, n’est-ce pas ? Oui… Adieu !

Mme Raimbaut descendit l’escalier étroit qui conduisait à la rue, monta dans une voiture et donna l’adresse de la rue Rousselet.

— Tiens ! s’exclama Mme Varlon, toisant la visiteuse.

Et il n’y eut aucun commentaire. Une causerie, à voix basse, s’ébauchait entre les deux femmes, et au bout d’un instant Mme Varlon reprenait :

— Deux cent mille ! Ah çà, vous êtes folle ?… Allons, ne pleurez pas… seulement, je vous le répète, vous êtes folle. Deux cent mille ? malepeste !

— Il n’y a pas moyen ?…