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sabine

doute quelque chose avait conduit Sabine dans l’appartement de son tuteur ; car, à n’en pas douter, elle s’y trouvait.

Comme il se coulait dans le corridor, en évitant de faire du bruit, la lumière qui jaillissait par la fente que laissait la porte d’Henri lui donna l’idée de regarder à travers la serrure. Toute secouée de passion, sa femme se montrait, demi-renversée sur une chaise-longue, son peignoir ouvert au milieu, et sa chemise de batiste rejetée en dehors du vêtement. Il ne voyait le séducteur que de dos ; mais son attitude n’offrait aucune équivoque. Elle, les yeux noyés dans la dilatation d’un fluide qui les brillantait encore, regardait Henri avec une fébrilité de tendresse immense ; et leurs visages se rapprochaient.

Raimbaut restait là cloué par la pointe de flamme de cette passion qui, pour lui, sortait de terre et lui apparaissait tellement souveraine qu’aucun mot ne desserrait ses lèvres.

— Je t’aime ! oh ! je t’aime répétait Sabine.

Oui c’était elle, c’était bien elle allant au-devant du tâtonnement des mains de son tuteur, pendant que l’ombre voluptueuse de la pièce s’accentuait ; et cette caresse ardente dont il l’enveloppait semblait s’allonger jusqu’à lui, Raimbaut. Un curieux besoin de voir la fin collait son œil à cette serrure. Au milieu de leur étreinte une vibration de paroles jaillit subitement :

— Je voudrais toujours être ainsi, murmurait