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prologue

un lever du jour ; — écrasez entre les paupières, non bordées de noir, le grain d’un pastel fauve — un filtrage de clarté allumant la nacre des dents ; — mettez le tapage des tons dans le costume — tapage de mauvais goût, peut-être, mais couleurs remuantes, fébriles, où l’on se figure la chair battue sous la dentelle et la soie — un écrasement de bleu, de noir, de rose, à l’aide duquel les plans d’une figure en pied s’installent sur le papier grenu — et vous aurez l’imparfaite idée de l’esquisse que je réalisai ce jour-là.

— Ensuite ?

— C’est tout. Sans mon pastel, je croirais que j’ai rêvé. — À propos, qui vous a donné des renseignements sur Sidi Mohammed ?

— Ayant entendu parler de lui depuis trois mois environ, répondit la comtesse, je savais qu’il venait de réaliser des gains assez importants, qu’il faisait des prêts au gouvernement musulman. Vous comprenez qu’il n’en fallait pas davantage pour fixer mon centre d’opérations. Il y a dix-huit mois, poursuivit-elle, que l’on m’a accueillie dans la maison où nous allons. Je suis un peu la confidente des cadines, qui m’ont gracieusement octroyé le droit de les visiter à toute heure. Aussi, demain nous devancerons le moment fixé, pour arriver un peu plus tôt.

— Pourquoi ? demanda curieusement le peintre.

— Parce que nous aurons la chance, alors, d’être introduits dans un coin assez inédit du harem.

Malgré l’insistance de Duvicquet, la comtesse ne