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sabine

alors avec ses crocs pour vous happer un coin de cervelle.

Duvicquet venait de vivre une de ces nuits-là ; il se leva, et, après une toilette sommaire, ouvrit sa fenêtre et regarda l’avenue.

— Allons, il faut en finir, pensa-t-il. Si elle n’est pas à Raimbaut, à qui donc sera-t-elle ?

À l’étage inférieur, il entendit la voix de Jonquille qui traversait l’atelier :


J’n’ai professé qu’la liberté,
Fils d’insurgé, surgé moi-même,
Et j’voudrais être député
Pour enrichir le peup’que j’aime.


— Sabine doit être réveillée, réfléchit le peintre, sans cela Jonquille ne chanterait pas.

Il descendit doucement, se dirigea vers le cabinet de toilette que Renée partageait avec Mme Raimbaut. Il ne se trompait pas en comptant sur la présence de celle qu’il cherchait ; Sabine, voluptueusement étendue dans sa baignoire, coupait une revue à l’adresse de Mme de Sérigny. Au bruit que fit Duvicquet, elle leva la tête.

— C’est vous ? dit-elle simplement, sans paraître étonnée. Tenez, asseyez-vous là, j’ai à vous parler.

Elle lui montra un escabeau en bambou. Le peintre obéit.

— Qu’est-ce que vous pensez de mon mari ?

— Je pense qu’il a raison de rester à Londres.