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didat au conseil général et être élu par l’opposition. En même temps on le priait de se présenter à la députation. Le curé payait la dette contractée pour le miracle. Il se disait bien que Raimbaut les lâcherait à la Chambre ; mais, sous peine de voir divulguer l’effet d’une guérison douteuse, il allait de l’avant et poussait sa candidature.

Cependant, à mesure que les choses marchaient à son gré, Sabine tremblait qu’une indiscrétion de Jonquille ne perdît la cause. Le rapin, fier de l’importance de son rôle, se carrait dans la renommée que lui avait acquise ce qu’il regardait comme une simple farce ; il se taisait, gardant la parole donnée à la pupille de son maître ; seulement, il comptait sans M. Mégissier, le notaire, un républicain rageur, qui, cette fois, résolut d’ouvrir une enquête sur le revirement qui enlevait si rapidement le succès de Raimbaut.

Huit jours à peine séparaient les électeurs de l’époque du vote ; Mégissier monta un matin vers le haut de la ville, et, à l’heure où il savait que Jonquille bavardait avec les bouviers à l’auberge de la Couronne, il y entra et reconnut le jeune homme qu’il salua amicalement.

— Venez donc prendre un verre, lui demanda-t-il d’un ton jovial, et me dire comment on se comporte là-bas.

Ainsi encouragé, Jonquille but sans désemparer ; au troisième verre il tutoyait Mégissier ; au cinquième il lui racontait à haute voix, en versant des