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dufort de cheverny

s’en va. Elle était accompagnée de plusieurs dames, entre autres de la duchesse de Brancas, surnommée, à cause de sa taille, la grande ; le roi qui la connaissait particulièrement parce qu’elle allait souvent chez la marquise, lui dit : « Restez un moment » — Le Dauphin regarde. — Le roi dit à Mme de Brancas : « Donnes-moi votre mantelet ». Elle le détache et le lui donne ; il le place sur ses épaules, fait un tour dans le cabinet sans rien dire, après l’avoir saluée, et s’en va. Il s’achemine à l’instant du côté de l’intérieur. Le Dauphin, accoutumé à le suivre, s’avance. Il n’est pas à moitié de la pièce que le roi se retourne et lui dit : « Ne me suivez pas ». Nous voyons la manœuvre et entendons le propos. Le Dauphin obéit et se rendit à l’instant chez lui pour dîner.

« Fontanieu et Champcenetz se dirent : « La chose est trop intéressante pour dîner » ; j’en dis autant. M. de Maillebois arrive ; on lui conte tout, et nous voilà tous les quatre à attendre. Le roi revient entre les trois et quatre heures. — Au lieu d’un regard triste et sévère, son air était calme, son regard agréable ; il avait le sourire sur les lèvres et causait sans humeur. Il nous adressa la parole à tous, fit des plaisanteries sur le mantelet dont il s’était· affublé, et nous quitta en disant qu’il allait diner, et qu’il nous exhortait à en faire autant. Il rentra ; nous n’eûmes pas