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le charme de l’histoire

tendresse paternelle ; il triomphe de la renommée qu’il cherche à lui rendre et qui était méritée peut-être, car la postérité a d’étranges injustices ! Tel personnage oublié maintenant était doué de facultés éminentes qui ont émerveillé ses contemporains ; que lui a-t-il donc manqué pour que l’histoire ait retenu son nom ?

Les monographies des lieux peuvent nous captiver comme celles des hommes, et les courtes notices que nous envoient souvent nos confrères font songer à ces minuscules clichés photographiques que les amateurs rapportent de leurs voyages et dont il suffit d’agrandir l’image pour obtenir un vrai tableau, avec tous ses détails et toutes ses perspectives. En voulez-vous des exemples ? Voici quatre modestes localités dont l’histoire nous a été racontée : le petit village de Montépilloy, entre Senlis et Dammartin ; celui de Bellegarde, dans le Gâtinais ; et, au fond de la Vendée, le bourg de Maillezais et le petit port de Bouin, aujourd’hui comblé par les relais de la mer.

À Montépilloy, Philippe-Auguste se rencontra avec le comte de Flandre, à qui il disputait le Valois et le Vermandois, héritage de ses cousines Isabelle et Aliénor ; notre petit village de la banlieue de Paris était alors une des frontières du royaume de France ! Deux cent cinquante ans plus tard, le duc de Bedford y assigna rendez-vous à Charles VII