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lettres de dubuisson

entendre parler des loges de cette Société ». La tolérance, le respect pour l’opinion d’autrui n’étaient pas alors plus qu’aujourd’hui de mode en France.

La querelle des Jansénistes et des Molinistes est l’occasion des faits les plus curieux. Il est étrange de voir cette société si voisine de l’incrédulité prendre feu pour ou contre la grâce efficace ou la Bulle Unigenitus, et donner une fois de plus la preuve qu’il n’est pas nécessaire de comprendre pour se passionner, que tout devient prétexte à qui veut s’agiter. Les folies incroyables attribuées aux Convulsionnaires, les miracles sur le tombeau du diacre Pâris occupent toutes les classes. Les fidèles sont en guerre avec le clergé, les Curés avec les Évêques ; les Évêques se combattent par des mandements que Dubuisson annonce tranquillement au milieu des autres publications nouvelles, romans et livres d’histoire, comédies et chansons. Le Parlement, qui paraît représenter l’opinion de la ville, est en lutte constante avec le Grand Conseil, organe de la Cour. Un jour il flétrit, à cause de certaines propositions sur l’autorité des deux puissances, un mandement de l’Archevêque de Cambrai (Charles de Saint-Albin, fils naturel du Régent) ; le Grand Conseil casse l’arrêt ; le Parlement adresse inutilement à ce sujet des remontrances au Roi ; mais l’Archevêque ayant eu l’imprudence d’écrire une lettre pastorale pour publier dans son diocèse l’arrêt du Conseil qui