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lettres de dubuisson

l’un contre l’autre, et cette différence lui interdira toujours l’entrée de notre sanctuaire ».

L’arrêt ne fut pas irrévocable ; Marivaux fut élu en 1743 ; mais pour le moment, on lui préféra l’abbé Séguy et M. de Mirepoix.

« Il n’est pas plus heureux au Théâtre-Français qu’à l’Académie. Il vient de donner une petite comédie d’un acte, sous le titre du Legs ; elle a paru à la représentation plus longue qu’une de cinq, et je doute, quand on l’élaguerait de moitié, qu’on pût la rendre bonne. Il s’agit d’un marquis et d’une comtesse que l’auteur a montés sur les plus bas bourgeois, qui s’aiment, et qui ne peu­vent se déterminer à le dire. Cela vient à l’idée de la Pupille[1], mais quelle différence dans la manière dont cela est traité ! » Les Fausses Confidences n’ont aussi « qu’un très médiocre succès ; cette pièce pèche en beaucoup de points ; …au reste, c’est encore une Surprise de l’amour ». Dubuisson est habituellement bon juge, mais il est de son siècle, et il a les mêmes yeux que ses contemporains. Le Legs, comme Le Barbier de Séville, sera l’éternelle consolation des auteurs sifflés.

  1. La Pupille, de Fayan, donnée à la Comédie-Française quelque temps avant Le Legs, est aujourd’hui présentée par nos histoires littéraires comme écrite dans le genre de Marivaux.