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la taxe des pauvres à abbeville

Ainsi à Chartres, en 1555, l’évêque avait réuni tous les corps ecclésiastiques, justice, curés, habitants de la ville et des faubourgs ; l’avocat de la ville avait « remontré que le nombre des pauvres augmentait de jour en jour ; hommes et femmes valides venaient impunément à Chartres mendier, au grand détriment des indigents de la ville, etc. » Les échevins avaient été chargés de rechercher les règlements faits dans les villes de Paris, Orléans et Tours pour la nourriture des pauvres.

Abbeville n’attendit pas non plus les ordres de l’autorité royale. L’histoire de la taxe des pauvres dans cette ville a été l’objet d’une étude détaillée et documentée publiée en 1888 par le comte de Brandt de Galamets sous le titre de : « La Taxe des Pauvres à Abbeville en 1588. » Abbeville possédait depuis longtemps une Bourse des Pauvres, désignée dans les anciens documents sous le nom d’« Aumône » qui était dotée de biens et de rentes, dues à d’anciennes libéralités et aussi à certains usages ; ainsi, après chaque élection, le maire, les échevins, les argentiers, et quelques autres dignitaires municipaux payaient une bienvenue qui, suivant le grade, variait de dix sols à quatre livres. En 1565, à la suite d’une récolte exceptionnellement mauvaise, les revenus de l’aumône et les dons volontaires se trouvèrent insuffisants pour secourir les pauvres de la ville et pour répondre aux demandes des men-