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la taxe des pauvres à abbeville

nécessité de combattre le fléau devenu redoutable de la mendicité, entreprit de diriger elle-même l’administration charitable, elle commença par continuer ce qui se pratiquait auparavant. Elle conserva l’organisation et les procédés de l’Église ; elle prétendit seulement exécuter elle-même le précepte de la charité qui, jusque-là, n’avait été mis en œuvre que par la puissance ecclésiastique. Elle crut accomplir une mission qui lui était imposée par Dieu. Mais, peu à peu, à la sanction toute spirituelle que l’Église donnait à ses prescriptions, le pouvoir civil ajouta la sanction matérielle qu’il attache à la violation de ses lois. Il mit au service de la prescription divine, de l’obligation religieuse, la force dont il disposait. Ce fut ainsi qu’il passa, par une transition toute naturelle et inévitable, du droit canon au droit civil, de la loi divine à la loi humaine, du don volontaire à l’impôt[1].

Les mêmes nécessités paraissent avoir pesé en même temps sur tous les pays, comme tend à le démontrer une ordonnance de Charles-Quint du 7 octobre 1531, applicable à ses provinces de Flandre. En France, ce fut le Parlement qui prit l’initiative. Un arrêt du 22 avril 1532 fait appel à l’aumône volontaire : l’article 6 ordonne dans chaque paroisse

  1. L’Assistance à Paris sous l’ancien régime et la Révolution, par Louis Parturier, p. 93 et suivantes ; p. 144 et suivantes.