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le charme de l’histoire

parce qu’ils restent stériles, parce qu’ils se referment sur eux-mêmes et ne voient que leur douleur, au lieu de regarder quelquefois la douleur ou même la joie de leur prochain ! Leur malheur, le vide intolérable de leur âme, est la punition de cet isolement de l’humanité, qu’il serait cruel de qualifier d’égoïsme, puisqu’ils n’en ont pas conscience, mais dont ils meurent ! « Le culte des morts, disait encore Mme  Pape-Carpantier, est fécond quand il se transforme en œuvres. »

Mme  Pape-Carpantier ne se contentait pas d’appliquer sa méthode dans son enseignement à l’École Normale ; elle l’a développée dans de nombreux écrits, remarquables par la clarté de l’exposition autant que par l’intelligence judicieuse de la première éducation ; elle l’a reproduite avec plus d’éclat encore dans les Conférences sur les Leçons de Choses qu’en 1867 M. Duruy la chargea de faire à la Sorbonne aux instituteurs venus pour visiter l’Exposition universelle, et au sujet desquelles Victor Hugo la félicitait de « faire germer dans les âmes la foi en Dieu par la contemplation réfléchie de son œuvre immense. »

L’année précédente, à la prière de M. Duruy, elle avait étudié, sous le nom d’Union Scolaire, le plan d’un vaste établissement destiné à réunir tous les degrés de l’enfance. C’était un groupe complet, qui débutait par une crèche, comprenait des classes,