Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
le charme de l’histoire

du Mans lui offrit de diriger une Salle d’Asile. À cette époque, on parlait moins qu’aujourd’hui de l’instruction populaire, mais on était loin d’y rester indifférent, et l’opinion publique se faisait une haute idée du rôle moral des instituteurs, ces « collaborateurs de la Providence », suivant la belle expression de M. Gossot. Quand Mlle Carpantier vint prendre possession de son poste, la Municipalité se plut à témoigner de l’importance qu’elle attachait à un établissement où la première éducation était donnée aux petits enfants.

L’installation de la nouvelle directrice fut l’occasion d’une cérémonie publique ; le maire lui adressa solennellement un discours pour lui exprimer les espérances que l’on fondait sur son intelligence et son zèle. Mlle Carpantier méritait ces éloges. Elle prit à cœur sa mission, et bientôt elle la définit dans un livre qui eut un grand retentissement : les Conseils sur la direction d’une salle d’asile. L’Académie Française, qui ne néglige jamais de donner ses encouragements à un ouvrage où elle voit, en même temps qu’un bon livre, une bonne action, lui décerna en 1847 un de ses prix Monthyon, et M. Villemain, interprète de la haute assemblée, expliqua le but de la salle d’asile en des termes qu’il n’est peut-être pas inutile de rappeler aujourd’hui : « L’expérience, disait-il, ressemble ici à une utopie réalisée. On voit, pour