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le charme de l’histoire

ture des deux moralistes nous a révélées, et rechercher si nous valons mieux ou moins que nos pères ? Pour les âges comme pour les personnes, il est souvent utile de comparer afin d’apprendre à supporter, et nous sommes trop de notre siècle pour ne pas nous plaire à constater, en terminant cette étude, que, sur plusieurs points du moins, elle nous a conduit à rendre hommage à nos contemporains : la force morale obtient chez eux la considération qui jadis était plus exclusivement l’apanage de la bravoure militaire : ils ont, quoi que l’on puisse dire, plus de délicatesse pour tout ce qui touche à l’argent ; ils croient à l’amour ; le mot de patrie fait vibrer leurs cœurs, et leur indignation noterait d’infamie quiconque, dans nos querelles intestines, oserait faire appel à l’étranger. Puissent ces réflexions nous consoler quelque peu des petitesses et des misères qui affligent notre temps !