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les contes de perrault

au temps des épices, il porte une volaille, des œufs, une pièce de gibier, objets qui lui coûtent peu et que l’on ne trouve pas à la ville. Le juge est forcé par son impartialité de refuser le cadeau ; mais le propriétaire ou l’avocat « le reçoit avec plaisir, et fait donner pour boire », comme le roi du Chat botté.

Ce roi admet ses sujets en sa présence royale sans formalités ; il boit volontiers quelques coups de bon vin quand il en trouve l’occasion ; et, après boire, il accorde gaiement la main de sa fille à un marquis dont il n’exige pas des preuves de noblesse bien rigoureuses et qui ne lui est connu que pour lui avoir été présenté par un chat. Ah ! Ce n’est plus Louis XIV ! Mais c’est encore un roi bien vrai ; c’est le roi de la légende, le roi qui jadis, il y a bien longtemps, était accessible à tous et rendait la justice sous un chêne. Ce n’est plus le roi que le peuple voyait ; c’est celui qu’il rêvait.

Celui-là aussi, du reste, connaît ses prérogatives, et autour de lui on ne les ignore pas. Il passe devant le château de l’ogre, et, en sa qualité de roi, il y entre sans façon, comme chez lui. Et quand les amis invités par le propriétaire arrivent à leur tour, ce sont eux qui, sachant que le roi est là, ne se permettent pas de franchir la porte.


Qu’ils soient solennels ou simples, tous les rois de Perrault sont bons et sympathiques. En ce