Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
le charme de l’histoire

s’expliquât simplement par les incidents de la politique générale. Pendant les retards successifs de la discussion, les élections législatives de 1863 avaient eu lieu, et elles avaient sensiblement modifié la composition du Corps législatif. À côté des cinq députés qui, depuis 1857, tenaient seuls le drapeau de l’opposition avec une nuance républicaine trop accentuée pour être très écoutée par le pays, les électeurs venaient d’envoyer un certain nombre de libéraux dont la voix pouvait avoir plus d’écho sur l’opinion publique. Cette situation nouvelle, dont il était impossible de ne pas tenir compte, amena une


    quent au-dessus du Conseil de l’Ordre qui, logiquement, ne sera plus que consultatif ; au-dessus de l’Assemblée qui perdra son droit législatif ; au-dessus des Loges qui n’ont plus que des vœux à émettre, et subordonnant le respect de la personne humaine, la conscience, à la raison d’État…
    …De plus, ce qui était accessoire, l’assistance, devient principal ; ce qui était principal, l’éducation morale et intellectuelle, devient accessoire…
    …De plus, qui dit utilité publique dit utilité positive, exigeant par contre la surveillance assidue de l’État… Nous sommes une société d’assistance obligée, une société comme tant d’autres, sans caractère original, une institution locale purement française ; dès lors, adieu à notre cosmopolitisme. Nous devenons une banale société de secours mutuels à laquelle on veut bien laisser comme joujou l’étude des questions philosophiques…
    …Telles sont les considérations qui font demander par tous vos bureaux le rejet pur et simple de la proposition qui vous est soumise, la reconnaissance de la Maçonnerie comme établissement d’utilité publique.
    À la suite de ce rapport, l’Assemblée maçonnique aurait, comme l’avaient déjà fait avant sa réunion un grand nombre de Loges, voté le rejet de la proposition, et le Grand Maître aurait été invité à retirer la demande qu’il avait présentée au gouvernement et dont le Conseil d’État était saisi.