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le grand orient

du président pour suivre de plus près la discussion. Ce mouvement témoignait bien son émotion, car, dans notre salle relativement petite, mes collègues pouvaient entendre aussi bien de leur place et n’avaient pas besoin de se rapprocher de quelques mètres.

M. Boinvilliers, qui parla ensuite, se préoccupa un peu plus de donner des raisons pour appuyer le projet de décret. Il avait, mieux que M. Thuillier étranger aux habitudes du Conseil, le sentiment de ce qu’il fallait dire pour persuader ses collègues. Il affirma que la Franc-Maçonnerie n’était nullement une institution révolutionnaire ; qu’elle ne s’occupait plus depuis longtemps de politique ni de religion ; que ses statuts le lui interdisaient formellement ; qu’en fait elle n’était qu’une association de bienfaisance et de camaraderie. Puis, revenant à ce que j’avais dit des doctrines de la Franc-Maçonnerie au sujet du travail, source unique de la propriété digne de respect, il fit, sur le travail et sa grandeur, une superbe apostrophe, qui sonnait bien et qui d’ailleurs était parfaitement juste. Seulement elle ne répondait en rien à mon objection, car je n’avais nullement contesté l’obligation du travail, comme loi morale de l’humanité ; j’avais parlé de la propriété et de l’hérédité.

Je ne me rappelle pas que d’autres membres de la section aient pris la parole. Je me souviens